Regulating Public Space in Early-Nineteenth-Century Montreal: Vagrancy Laws and Gender in a Colonial Context
Auteurs-es
Mary Anne Poutanen
Résumé
À la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, les juges de paix de Montréal ont formulé
des règlements policiers sur le vagabondage afin de faire de la mendicité
autorisée une forme d’assistance sociale pour le pauvre respectable. Les vagabonds,
hommes et femmes, jugés indignes de pratiquer la mendicité sanctionnée par
l’État, étaient appréhendés et punis dans la maison de correction ou la prison commune.
Les magistrats de la ville permettaient aux mendiants en règle de quémander
tout en permettant à certains vagabonds, souvent des femmes, de demander l’asile
en prison. Les femmes dépendaient économiquement des hommes et les femmes
seules étaient donc vulnérables au dénuement. Le sexe jouait un rôle crucial dans
les lois sur le vagabondage, qui servaient de forme d’ordre moral et avaient un
impact concomitant sur la vie des vagabondes. Les hommes faisaient planer au
moins deux menaces : l’une, morale, à cause de leur refus de travailler et de leur
rejet perçu des notions bourgeoises d’industrie, de sobriété et de discipline, et
l’autre, physique, exemplifiée par leur violence potentielle. Dans le sillage des
rébellions, les nouvelles lois, sévères, témoignaient donc non seulement du point de
vue colonial qu’avaient les Britanniques des dangereux Canadiens, mais également
de la nouvelle idéologie bourgeoise, disciple d’une place publique ordonnée.