“Financially irresponsible and obviously neurotic need not apply”: Social Work, Parental Fitness, and the Production of Adoptive Families in Ontario, 1940–1965
Auteurs-es
Patti Phillips
Résumé
Entre 1948 et 1965 est né un discours sur l’adoption privilégiant l’aptitude des
parents, que mesuraient de nouveaux outils d’évaluation psychologique. Les années
d’après-guerre ont été caractérisées par une attention nouvelle pour la santé mentale
et la revitalisation de l’impératif familial. Les travailleurs sociaux se sont
démenés pour établir leur propre autorité sur les pratiques d’adoption, contre les
arrangements faits en privé sur le « marché gris » par les médecins et les avocats.
Les travailleurs sociaux ont tenté d’y parvenir de deux façons : en assumant la
responsabilité de la « visite à domicile », la technique leur permettant de s’assurer
de la « noblesse » des intentions et d’évaluer l’aptitude des parents; et en associant
l’aptitude des parents au projet d’après-guerre de bâtir la nation. Le sort des
enfants « inadoptables » a cependant présenté un défi d’ordre public aux pratiques
discrétionnaires et réglementaires établies par les travailleurs sociaux, qui redoublèrent
alors d’effort afin de trouver des foyers pour les enfants difficiles à placer.
Ce faisant, ils ont contribué à la création et à l’entretien de visions particulières de
l’identité canadienne et de l’altérité.