« Faire une bonne et fidèle servante » au Canada sous le régime français
DOI:
https://doi.org/10.1353/his.2017.0035Abstract
Que nous apprennent les recensements nominatifs et les contrats d’engagement de la colonie à propos des servantes au Canada sous le régime français? Le présent article brosse le portrait de cette catégorie de domestiques, analyse leurs conditions d’embauche, examine leur milieu de travail et leur situation au terme de leur service. Il nous met en présence d’une domesticité locale, juvénile, voire enfantine, oeuvrant surtout en milieu urbain au service de privilégiés. Manifestation tangible d’une société hiérarchisée, ces servantes sont majoritairement des jeunes filles célibataires aux origines modestes. Placées chez un maître par leurs parents,généralement pour de courtes périodes, et en échange, parfois, d’un salaire,elles sont affectées principalement aux tâches ménagères. Le service domestique constitue ainsi pour elles une période de transition ou d’apprentissage avant le mariage qui, toutefois, intervient souvent bien après la fin de leur contrat. Leurs obligations et devoirs se distinguent peu de ceux des apprentis et des domestiques en général. Finalement, la domesticité féminine relève aussi bien de la location d’une main-d’oeuvre bon marché que de l’exercice d’une « charité » toute relative, mais au moins temporaire.
What do colonial nominal censuses and employment contracts for female servants in Canada during the French regime teach us? The article provides a portrait of this category of domestics, analyzes their employment conditions, and examinestheir workplace and their situation at the end of their contract. It uncovers a body of local domestics composed of youth or even children working mainly for the privileged in urban areas. A tangible sign of a hierarchical society, most of these servants were young, single girls from humble origins. The girls, placed by their parents with a master, usually for short periods of time, sometimes in exchange for wages, were primarily assigned to household chores. Domestic service thus consisted of a transition or learning period before marriage, which nevertheless often took place after the end of a contract. Their obligations and duties were very similar to those of apprentices and domestics in general. Finally, women’s domesticity reveals as much about access to cheap labour as it does about the practice of a “charity”, that was, at least, temporary.