De victime à accusé: la criminalisation de l’enfant sorcier en Europe (fin XVI e siècle – début XVII e siècle)
DOI:
https://doi.org/10.1353/his.2014.0060Abstract
Si par leurs dénonciations, leurs accusations ou leurs témoignages, les enfants ont joué un rôle important dans le déclenchement de plusieurs des grands épisodes de chasse aux sorcières aux XVI e et XVII e siècles, ils n’ont pas toujours été épargnés par la répression. Au contraire, bien que les enfants aient été longtemps tenus à l’abri des poursuites judiciaires en raison de leur manque de jugement, certains juges ou officiers de justice, doutant de leur innocence, se sont mis vers la fin du XVI e siècle, à les accuser de sorcellerie. Convaincus, d’une part, que la sorcellerie était héréditaire et qu’il existait de véritables races de sorciers et, d’autre part, inspirés par les conseils des démonologues qui affirmaient qu’un crime exceptionnel pouvait être puni exceptionnellement, certains d’entre eux n’ont pas hésité, au cours du XVII e siècle, à juger et à condamner de jeunes enfants à la peine capitale.
If, through their denunciations, accusations, or testimony children played an important role in triggering a number of the major witch hunt episodes of the XVI and XVII centuries, they themselves were not always spared repression. On the contrary, although children were long sheltered from legal action due to their lack of judgment, some judges or officers of justice, doubting their innocence, began accusing them of witchcraft toward the end of the XVI century. Based on the conviction that witchcraft was hereditary and that races of witches truly existed as well as on the advice of demonologists affirming that exceptional crimes could be punished by exceptional means, some did not hesitate to judge and condemn young children to capital punishment in the XVII century.