Plutôt « s’endetter sur l’honneur ». Le débat sur la loi Lacombe (1900–1903) et les origines de la société de consommation au Québec

Authors

  • Sylvie Taschereau

DOI:

https://doi.org/10.1353/his.0.0085

Abstract

Au tournant du XXe siècle, le Dr Georges-Albini Lacombe, député d’un quartier ouvrier de Montréal, défend un projet de loi qui protègerait de la saisie les salaires des travailleurs endettés et mettrait un terme au « système de crédit » qu’il juge être la source de leur endettement. Bien qu’elle porte son nom, la loi adoptée à l’issue du débat qui s’ensuit contribue au contraire, à travers le XXe siècle, à légitimer l’utilisation du crédit à la consommation. Nous analysons ce débat à la lumière de ce que les textes de loi disent de l’encadrement donné jusque-là à différentes formes de crédit et de ce que nous savons des habitudes et stratégies qu’ont à cet égard les institutions commerciales et les ménages urbains. Sous ce double éclairage et à travers une lecture qui met en relation les dimensions sociale, culturelle et politique de l’histoire du crédit, les discours qui s’affrontent révèlent les intérêts en jeu et les raisons qui finalement incitent à garder intact le « système » dénoncé par Lacombe, en dépit de l’hostilité généralement proclamée à cette époque à l’égard du crédit autre que de production. At the beginning of the twentieth century, Dr. Georges-Albini Lacombe, representing a working-class riding in Montreal, proposed legislation to protect the earnings of indebted workers from being garnisheed and to limit the “system of credit” that Lacombe judged to be the source of their debt. Although it carried his name, the law adopted after the ensuing debate contributed, to the contrary, through the twentieth century, to legitimizing the use of consumer credit. This article analyses this debate in light of the framework given by legal texts to different forms of credit and the strategies and practices regarding credit used by commercial institutions and urban households. Viewed from these perspectives and in relation to the social, cultural, and political dimensions of the history of credit, the debate reveals the interests at stake and the reasoning that finally prevailed to leave intact the system denounced by Lacombe, despite the general hostility voiced during this period toward consumer credit.

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