Filles-mères, familles et société sous le Régime français

Authors

  • Marie-Aimée Cliche

Abstract

Grâce aux registres d'état civil, les démographes ont pu calculer avec le maximum de précision le nombre de naissances illégitimes sous le Régime français. Parallèlement, les archives judiciaires et notariales révèlent les circonstances entraînant les grossesses hors mariage et les réactions de l'entourage face à cette situation. L'étude de 137 cas de ce genre, principalement des procès pour rapt et paternité naturelle, a permis de reconstituer les normes de comportement sexuel en vigueur en Nouvelle-France, les rôles assignés aux filles et aux garçons en ce domaine, et l'échelle de tolérance de la société et des juges dans le cas des infractions d'ordre sexuel. On arrive à la conclusion que les hommes jouissaient d'une plus grande liberté sexuelle que les femmes, mais que la loi et la coutume les obligeaient à assumer leurs responsabilités de géniteurs. Quoique défavorisées par le système patriarcal, les filles-mères bénéficiaient quand même d'une certaine protection légale. Owing to the detailed character of New France's civil registers, demographers were able to calculate precisely the number of illegitimate births during the French regime. In addition, judicial and notarial documents reveal both the circumstances surrounding illegitimate conceptions and society's reactions to them. This study of 137 cases, mainly trials for abduction and illicit paternity, helped to reconstitute the norms of sexual behaviour in New France, gender roles, and the degree of tolerance exhibited by society and judges in cases of sexual infractions. The author concludes that white men had more sexual liberty than women, laws and customs obliged them to fulfill their responsibilities as progenitors. Thus, even though unwed mothers may not have been favoured by the patriarchal system, they were entitled to and benefitted from legal protection.

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