L’émigration des Pyrénéennes en Amérique du Nord aux XIXe et XXe siècles

Authors

  • Marie-Pierre Arrizabalaga

Abstract

Les Pyrénéennes n’étaient pas moins nombreuses à émigrer aux États-Unis aux XIXe et XXe siècles que les pyrénéens simplement à cause du coût et des dangers que leur faisaient encourir l’émigration, comme l’historiographie l’a affirmé. En réalité, elles refusaient l’émigration car les possibilités qui leur étaient offertes en France semblaient leur convenir davantage. En utilisant le cas basque et des sources et méthodes différentes en même temps (les recensements, les généalogies, los archives successorales et des entretiens avec des émigrantes), cet article s’attachera à démontrer que le « système à maison pyrénéen », caractérisé par l’héritage unique, toujours d’actualité en France en dépit des lois égalitaires du Code civil, était responsable de la plus grande sédentarité des femmes par rapport aux hommes. Ces dernières héritaient plus souvent que dans le passé afin de prendre la relève des hommes qui eux préféraient l’émigration en Amérique. En outre, ces femmes refusaient de suivre un frère parfois confortablement établis aux États-Unis car les conditions de vie et de travail à des milliers de kilomètres les en dissuadaient en dépit des meilleures possibilités de réussite sociale. Celles qui malgré cela ont accepté de s'expatrier l'ont fait au prix de grands sacrifices. Elles ont fait preuve d'une grande force de caractère pour affronter les épreuves. Enfin, elles ont contribué à la formation, la consolidation et au développement de communautés basques de telle sorte que certaines pratiques familiales et culturelles perdurent aujourd’hui aux États-Unis. Fewer Pyrenean women than men emigrated to the United States in the nineteenth and twentieth centuries, but the reason was neither the cost nor the dangers of emigration, as historiography has claimed. In fact, these women had other more preferable opportunities in France. Using the Basque case, together with different sources and methods (census, genealogies, property documentation, and interviews with emigrants), this article aims to demonstrate that the Pyrenean “house system”, characterized by single inheritance, still prevalent at the time despite the egalitarian laws of the Civil Code, was responsible for women’s reluctance to emigrate. They inherited patrimony more often than had previously been the case, thus taking over the responsibilities of men who instead preferred to emigrate to America. Some women refused to join brothers who sometimes fared well in the United States because they found living and working conditions thousands of miles away discouraging, despite better opportunities of economic success. Those who, despite these conditions, decided to emigrate made great sacrifices. A strong character was needed to overcome the inherent ordeals. However, these emigrants were responsible for the creation, development, and proliferation of Basque communities that have perpetuated family and cultural practices in America to the present day.

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