L'évaluation des fortunes normandes au XVIIIe siècle : méthodologie et critique des sources

Authors

  • John Dickinson

Abstract

L’inventaire de biens après-décès constitue une source privilégiée pour l’étude des fortunes et du niveau de vie des populations modernes. Ce document pose cependant des problèmes méthodologiques relatifs à sa représentativité et sa fiabilité, tant en ce qui concerne les omissions de biens que leur évaluation monétaire. En Normandie, au 18e siècle, les inventaires concernent essentiellement les hommes mariés ayant des enfants mineurs. S’ils touchent une majorité de la population avant 1750, leur représentativité décline d’une manière remarquable dans la seconde moitié du siècle. Outre les biens paraphernaux de la veuve, qui sont rarement énumérés, les inventaires sont relativement complets et ne comportent aucune omission systématique. L’évaluation des biens, par contre est moins fiable. Effectuée tantôt par les parents, tantôt par un huissier-priseur, elle porte parfois sur un petit lot d’articles et parfois sur l’ensemble des biens meubles. L’endettement est rarement mentionné et les immeubles sont toujours absents. La confrontation des inventaires avec des procès-verbaux de fente démontre qu’il y a un écart significatif entre l’évaluation et le prix réel dans 75 p. 100 des cas. Ainsi, l’inventaire des biens normands n’est pas un instrument adéquat pour mesurer la richesse, mais conserve toute sa valeur comme indicateur de niveau de vie. Probate inventories are one of the main sources used to study wealth and the standard of living of early modern populations. Their use is fraught with methodological problems concerning their representativity and their completeness with regards to possible omissions and to monetary evaluations. In eighteenth-century Normandy, only estates of married men with minors were inventoried. Before 1750, a majority of estates were inventoried, but there was a sharp decline in representativity in the second half of the century. Apart from those articles reserved for the widow by law, most possessions were enumerated and omissions were not systematic. The value of articles was set either by the family or by a court official. Sometimes, goods were evaluated in lots and sometimes, the whole estate was evaluated as a block. Debts were rarely mentioned and real estate was never considered in these documents. By confronting inventories with auctions, it is clear that there is a significant price differential between the evaluations and the real price of articles in three quarters of the cases studied. Thus, Normand inventories are not an appropriate tool for measuring wealth, but can be useful in examining standards of living.

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